TOUS MADE IN MONDE, fabriquons l’équité

Le 29 avril dernier, le gouvernement représenté par Messieurs les Ministres Pascal Canfin et Benoît Hamon, nous présentait le plan de soutien au commerce équitable.

 

L’objectif affiché : tripler la vente de produits du commerce équitable en France et appuyer une nouvelle politique de développement. Nos voisins européens comme les Britanniques ou les Suisses affichent une consommation de 34 à 41 € par habitant pendant que les français restent à 6,24 € en moyenne par an et par habitant.

Au delà de l’idée de développer les ventes, et de contribuer au changement d'orientation de la politique de développement, cet objectif doit permettre de transformer les règles du commerce international. Les travailleurs et travailleuses, l’environnement dans lequel sont produits vêtements, jouets, appareils électroniques ne sont pas des variables d’ajustement au service de meilleurs profits.

Comment ne pas être choqué par le drame qui a touché les bengalis ce 24 avril dernier ? Des centaines de morts (400) dans des usines insalubres. Les victimes fabriquaient des vêtements pour des marques occidentales. Est ce au prix de leur vie que nous devons avoir des vêtements à bas prix ? Les autorités locales sont incapables - ou ne souhaitent pas - faire front face aux puissances économiques de ces multinationales.

 

Cette situation est intolérable. Elle appelle à une solidarité avec tous les peuples où de telles pratiques sont encore et toujours en exercice. Cette solidarité passe par un nouveau contrat socio-économique entre les pays. Nous devons sortir de la spirale infernale et destructrice qui impose le rendement au mépris de bonnes conditions de travail.

 

Nous ne sommes pas contre l’économie mais contre l’économie libérale mondialisée qui s'assoit sur l’intérêt général. Où que nous soyons, nous devons être des citoyens avertis et engagés.

 

Au « Made in France », dont nous saluons l’importance quand il souligne le modèle social et l’organisation du travail respectueuse de la parole et des conditions du travailleur-travailleuse, nous en appelons au « Made in Monde ». Face aux crises économiques, sociales, politiques, écologiques, dans lesquelles nous sommes enfermées, nous devons nous ouvrir au monde avec une ligne neuve. Nous prônons une équité dans les échanges internationaux. Le producteur et le consommateur ont un commun un produit, un prix, une filière. A une économie qui veut les éloigner nous proposons un commerce qui les unit.

 

Nos prix sont leurs revenus.

 

L’équité se définit comme le respect des droits, de l’échange réciproque profitable aux deux parties. Telle est la source même de notre appel au « Made in Monde ». Le commerce équitable n’est pas une fin en soi mais une démarche collective au service des droits humains et du respect de l'environnement.

 

Cette marche entamée en 1974 en France est toujours d’actualité. Elle rassemble de plus en plus de Français. Qu’il s’agisse de circuits courts locaux, de systèmes d’échanges locaux, de finances solidaires, toutes ces voies ont en commun le refus d’une économie à bout de souffle qui ne profite qu'à quelques-uns. Ils ont en commun la vision d’une justice économique.

 

Le commerce équitable attend celles et ceux qui se retrouvent dans ce « Made in Monde ». L’ouverture vers l’autre et la solidarité sont notre issue de secours en ce temps de crise. L’autre, l’étranger, le proche sont identiques. Nous sommes liés sur cette terre que nous le voulions ou que nous le refusions. Utilisons notre temps à innover, imaginer une société moderne où chacun puise sa richesse de l’autre dans un respect réciproque.

 

TOUS MADE IN MONDE, fabriquons l’équité, terreau de notre « vivre ensemble ».

 

Marie Paule Jammet et Jean Huet, co-présidents d'Artisans du Monde

 

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